Brusquement, les notions d’espace et de temps ont changé. Le monde a beau être vaste, l’espace entre nous et les autres s’est réduit… Plus que jamais, nous nous rendons compte que nous sommes une seule humanité. Un germe microscopique qui a mis plusieurs semaines pour arriver dans nos vies nous rassemble profondément et plus vélocement qu’un simple message WhatsApp envoyé en quelques secondes à peine à l’autre bout de la planète.

D’abord, c’est un sentiment de peur qui m’envahit. Autour de moi, dans le discours de mes proches, dans les médias, sur les réseaux, j’apprends que certains commerces ne pourront pas se relever, que des entreprises vont licencier, que des citoyens sont inquiets… Alors, comment imaginer qu’une jeune association comme Indah puisse tenir le coup ? La peur au ventre, je tente de garder le cap, j’annonce, un par un, les événements de récolte de fonds annulés et je les reporte à quelques semaines. En effet, à la fin du mois de mars, nous ne nous rendons pas encore compte de l’ampleur de cette crise…

A la force des jours qui avancent, je prends la mesure : cette crise ne fait que commencer ! Il faut s’adapter. Je ne veux pas me résigner, je ne veux pas laisser tomber toutes ces familles, tous ces enfants que nous aidons ! Je m’accroche aux sourires des enfants, gravés dans ma tête et dans mon coeur, espérant les revoir tous en bonne santé !

Le Sri Lanka a déjà fermé ses frontières et instauré un couvre-feu. Madagascar se met en quarantaine… Au Rwanda, la veille du confinement, nous nous empressons d’organiser une distribution d’aide alimentaire. Les mamans ne peuvent plus sortir pour trouver des petits boulots pour la ration quotidienne, les marchés sont fermés, notre cantine scolaire doit fermer à son tour ! Combien de temps les familles vont-elles pouvoir tenir ? Sans moyen de communication moderne et rapide, certaines familles les plus reculées dans les villages n’ont pas reçu notre information… Le Rwanda se confine. Et puis, plus rien…

En contact quotidien avec Florida (responsable d’Amizero, notre partenaire), je compte les jours sans savoir combien de temps cela va encore durer… Nous ne savons pas encore que ce supplice va durer six semaines. De longues semaines durant lesquelles la faim prend du terrain dans beaucoup de nos familles. La faim, ce fléau atroce que tous les peuples redoutent, elle peut être si proche et insidieuse.

Le confinement est impossible là où vivent la plupart de nos familles (dans des habitations en terre battue de moins de 2 mètres sur 2, les infiltrations d’eau dues aux pluies incessantes poussent les familles dehors pour tenter de respirer un air sain). La faim au ventre, les enfants peuvent très vite tomber dans les mains de personnes mal intentionnées venues leur proposer un peu de nourriture comme appât !

Nous ne le saurons qu’après, mais certaines mamans n’avaient même plus 10 francs rwandais (0,01 €) pour acheter un jerrican d’eau pour donner à boire à leurs enfants.

J’ai mal, j’ai peur, je suis tellement attachée à ces enfants et leur maman. Cette injustice et cette épreuve me serrent la gorge des jours durant… Comment vont-ils ? Seront-ils épargnés ? Sont-ils déjà impactés par les conséquences de cette crise ? Les réponses arrivent au compte-gouttes. Nos partenaires locaux, eux aussi confinés, ne peuvent que très difficilement obtenir des nouvelles des bénéficiaires.

Je ressens cette angoisse qui peut envahir les professionnels de l’aide humanitaire d’urgence. Indah prend un tournant radical pour s’adapter !

A cet instant précis, je ne me doutais pas qu’un élan de solidarité aussi puissant et spontané viendrait m’apaiser, me soulager à ce point. Très vite, je ressens une immense gratitude. Indah a la chance d’être entourée d’une communauté remarquablement sensible et disponible.

Ceux qui me connaissent et qui suivent Indah depuis ses débuts savent à quel point je m’efforce d’être positive. En proposant des initiatives de récolte de fonds constructives et inspirantes, en focalisant toutes les actions et la communication vers le positif.

Nous sommes tous déjà sensibilisés aux grands défis de l’humanité, nous sommes tous également informés sur les problématiques de notre société. Seule une reconnexion à notre vraie nature et à nos valeurs peut nous donner l’envie profonde d’y consacrer nos ressources, notre énergie. Je le sais. Je sais à quel point la loi de l’attraction peut jouer un rôle immense et nous aider à dessiner les contours d’un futur souhaité… Indah souhaite être de cette partie là…

Cependant, durant cette période, c’est VOUS qui avez offert la chance à Indah d’être résiliente et définitivement tournée vers l’avant !

Des fidèles donateurs qui deviennent ambassadeurs, de nouveaux donateurs de plus en plus nombreux en passant par une équipe de volontaires composée de personnes extraordinaires venues conforter et enrichir le coeur de l’association, Indah ne cesse de découvrir et redécouvrir à quel point l’humain est d’une bonté inestimable. Nos actions peuvent s’adapter, se poursuivre et s’intensifier grâce à vous.

Cette bulle hors du temps nous laisse à tous l’opportunité de nous reconnecter, de nous recentrer sur les valeurs fondamentales qui nous animent : l’empathie, la bienveillance, le partage, la générosité…

Des initiatives créatives d’entrepreneurs connus ou inconnus pour soutenir Indah, en passant par des proches attentifs et engagés pour de nouveaux projets naissants pour Indah… une multitudes d’ondes positives viennent alimenter cette vague formidable de générosité qui enveloppe Indah dans une sphère rassurante pour l’avenir.

Grâce à vous, Indah continue. Notre combat actuel est devenu de l’aide humanitaire d’urgence… Mais bientôt, j’en suis certaine, nous pourrons reprendre nos activités pour le développement, l’éducation… un chemin vers la dignité !

Pour cette belle énergie, à chacun d’entre vous, je dis MERCI.